
L’accident a suscité une forte émotion. Une lycéenne est morte, jeudi 30 janvier, dans un accident de car scolaire qui a également blessé 20 élèves, près de Châteaudun (Eure-et-Loir). Le conducteur, âgé de 26 ans et inconnu de la justice, a été placé en garde à vue puis mis en examen et placé sous contrôle judiciaire. Un premier test salivaire aux stupéfiants s’est « révélé positif », selon le parquet de Chartres, et les résultats des analyses sanguines, vendredi, ont révélé qu’il avait consommé de la résine de cannabis. Franceinfo fait le point sur ce que l’on sait de cette tragédie.
Une adolescente tuée et 20 blessés
Jeudi matin, « à 7h40, un car scolaire des transports Rémi transportant 35 élèves a eu un accident de la route sur la D927, à proximité de Châteaudun », a fait savoir, dans un premier temps, la préfecture d’Eure-et-Loir. Le bus s’est couché sur la voie, sans avoir percuté d’autres véhicules. Selon un bilan toujours provisoire, une lycéenne de 15 ans a trouvé la mort. Vingt autres élèves ont été blessés, tous en urgence relative, et quatorze d’entre eux ont été transportés vers le centre hospitalier de Châteaudun.
Léo, l’un des lycéens présents dans le car, a été légèrement blessé aux mains et au visage. Il s’est confié devant les caméras de France 2 : « Je n’ai pas eu le temps de m’en apercevoir, en une seconde, il s’est retourné direct », à propos du véhicule. « Des gens sur la route sont venus nous aider », se souvient-il également. Six véhicules et une quarantaine de sapeurs-pompiers ont été mobilisés. Un poste médical avancé a été déployé à proximité de l’accident, dans un centre de secours. Selon plusieurs témoignages, des pompiers sont « arrivés en une minute ».
Le chauffeur testé positif aux stupéfiants
Le conducteur du car a été placé en garde à vue et une enquête a été ouverte pour homicide et blessures involontaires. Il a été mis en examen pour « homicide involontaire aggravé » et « blessures involontaires aggravées » vendredi soir, et placé sous contrôle judiciaire.
Indemne, il avait livré une première explication, déclarant « avoir croisé un véhicule circulant trop proche de la ligne séparatrice, avoir voulu l’éviter, et s’être retrouvé dans le fossé », a rapporté dans un communiqué le procureur de la République de Chartres, Frédéric Chevallier. Mais un premier test salivaire mené sur le chauffeur jeudi s’était révélé « positif » aux stupéfiants, selon le parquet. Vendredi matin, ce même parquet a révélé des résultats plus précis, à la suite d’analyses sanguines. Le chauffeur a, selon ces résultats, consommé de la résine de cannabis avant l’accident. La présence de ce produit, avec un seuil supérieur à 0,5 nanogramme, ne peut correspondre à une consommation dite passive comme l’affirme le conducteur, a souligné Frédéric Chevallier, ajoutant que sa garde à vue avait été prolongée.
D’après des éléments recueillis par l’AFP, le chauffeur exerçait depuis plusieurs années, et « au moins depuis le début de l’année » sur cette ligne 32B, qui dessert six établissements. « Il est employé par la société de transport avec laquelle nous avons passé un marché », a expliqué jeudi sur franceinfo le président de la région Centre-Val de Loire, François Bonneau.
Lors d’un point-presse sur place, le ministre chargé des Transports, Philippe Tabarot, a annoncé jeudi avoir saisi le Bureau d’enquêtes accidents (BEA) des transports terrestres pour faire la lumière exacte sur les causes de l’accident, en parallèle de l’enquête judiciaire. Selon le maire de Châteaudun, Fabien Verdier, interrogé jeudi sur franceinfo, la route D927 où a eu lieu l’accident est par ailleurs « connue pour être dangereuse ». Un signalement avait d’ailleurs été fait par un autre maire du secteur, selon Fabien Verdier, pour signaler la dangerosité de cette route « sinueuse ».
Des mesures annoncées par le ministre des Transports
Pour éviter d’autres drames, le ministre des Transports a promis dans la foulée de l’accident un renforcement des contrôles des chauffeurs, notamment « au niveau des stupéfiants ». « J’en ai parlé cet après-midi avec mon collègue ministre de l’Intérieur [Bruno Retailleau], nous allons mener un certain nombre d’actions pour opérer des contrôles de plus en plus importants », a-t-il déclaré sur RTL.
Plus tard jeudi soir, Philippe Tabarot a précisé sur franceinfo espérer la mise en place « d’ici quelques mois » d’un dépistage de stupéfiants pour pouvoir démarrer un car scolaire. « Ce n’est pas encore totalement possible », a-t-il cependant nuancé, « car il est très difficile de dépister les différents types de drogues ». « D’ici là, des contrôles réguliers et aléatoires » doivent être réalisés, a exigé le ministre des Transports.
« Ce conducteur, comme tous les conducteurs, fait l’objet de contrôles aléatoires faits par la société de transport », a néanmoins assuré le président de la région, François Bonneau, sur franceinfo.
Ce n’est pas la première fois qu’un accident de car scolaire se produit alors que le chauffeur est sous l’empire de drogues. En décembre, une jeune fille de 16 ans est morte après que son bus s’est renversé sur une route de Monein, près de Pau (Pyrénées-Atlantiques), rappelle France 3 Nouvelle-Aquitaine. Les analyses toxicologiques avaient révélé la présence de cocaïne dans la salive du conducteur, qui avait admis en avoir consommé deux jours plus tôt.
Des enfants solidaires, mais en « état de choc »
Des élus locaux, qui accompagnaient Philippe Tabarot à l’hôpital de la ville, ont décrit des enfants en « état de choc ». Certains dormaient au moment de l’accident. Le président de la région Centre-Val de Loire, François Bonneau, a mentionné l’entraide et la solidarité entre les élèves qui se trouvaient dans le car, « les grands ouvrant les trappes pour sortir de là », avant d’aider un autre qui « était un peu coincé ».
« C’est avec une vive émotion et une immense tristesse que j’ai appris, depuis Mayotte, le décès d’une lycéenne de Châteaudun dans un accident de bus scolaire survenu », a réagi la ministre de l’Education nationale, Elisabeth Borne, sur les réseaux sociaux. Depuis le lycée Emile-Zola, où était scolarisée la victime, établissement dans lequel se rendra Elisabeth Borne lundi matin, le recteur de l’académie Orléans-Tours, Jean-Philippe Agresti, a eu une pensée pour « [ses] parents, [sa] sœur et [ses] amis ».
Une cellule d’urgence médico-psychologique a été activée « en soutien » des élèves et de leurs proches, a-t-il dit, affirmant qu’un accompagnement « dans la durée » serait assuré. « Nous avons mis ce soir dans les cars, et pour les jours qui viennent, des présences d’adultes pour permettre aux jeunes de s’exprimer », a aussi fait savoir sur franceinfo le président de la région Centre-Val de Loire.