Une enquête est ouverte contre la Première ministre après que l’Italie a rapatrié Osama Almasri Najim, chef de la police judiciaire libyenne, visé par un mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité.

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La Première ministre italienne Giorgia Meloni, le 14 janvier 2025. (FILIPPO MONTEFORTE / AFP)

Il y a la Giorgia Meloni vue comme une interlocutrice plus modérée que prévu en Europe. Et celle qui se lâche en Italie. Alors qu’une enquête est ouverte contre elle au parquet de Rome après que l’Italie a rapatrié un officiel libyen poursuivi par la justice internationale, la Première ministre a répondu, jeudi 30 janvier, lors d’un événement à Milan. La vidéo est, depuis, reprise par les télévisions italiennes.

Lors de cette conférence sur des thèmes économiques à Milan, animée par un journaliste proche du pouvoir, surprise, la Première ministre Giorgia Meloni apparaît sur l’écran géant. Elle envoie un baiser, un tutoiement échappe au journaliste Nicolas Poro.

Après un premier monologue, elle feint de dire au revoir… Mais sur l’insistance de son interlocuteur, elle aborde le sujet du moment : l’enquête sur son rôle dans la libération d’une personne soupçonnée de crimes de guerre en Libye. Giorgia Meloni avait annoncé mardi dans une vidéo sur Facebook qu’elle était visée, de même que trois de ses ministres, par une enquête après l’expulsion d’un responsable libyen, accusant les magistrats de politiser leur fonction.

Osama Almasri Najim, chef de la police judiciaire libyenne, fait l’objet d’un mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale (CPI) pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité commis depuis le 15 février 2015. Arrêté il y a dix jours dans un hôtel de Turin en vertu de ce mandat, il a été libéré sur ordre de la Cour d’appel de Rome pour vice de procédure, et expulsé vers Tripoli à bord d’un avion affrété par l’État italien. Giorgia Meloni est soupçonnée avec ses ministres de la Justice Carlo Nordio et de l’Intérieur Matteo Piantedosi d’avoir facilité la libération du Libyen et son renvoi à Tripoli. 

La réponse de la Première ministre ne laisse pas de doute sur sa combativité : cette enquête « est avant tout un dommage que l’on fait à la Nation ! » Et Giorgia Meloni de crier son exaspération de travailler pour l’Italie, quand d’autres cherchent à défaire son travail, selon elle : « Vous vous souvenez de Pénélope, la femme d’Ulysse, et sa toile ? La mienne pourrait faire le tour du stade olympique !« , a-t-elle souligné, en allusion à l‘Odyssée d’Homère. Pénélope, l’épouse d’Ulysse parti pendant 20 ans à cause de la guerre de Troie, s’était engagée à se marier de nouveau lorsqu’elle aurait fini de tisser une toile… qu’elle tissait toute la journée et défaisait consciencieusement la nuit.

Derrière cela, c’est avant tout une charge contre les magistrats italiens : « Certains juges voudraient décider de la politique de l’environnement, de la politique d’immigration… Bref, ils veulent gouverner ! Mais alors qu’ils se présentent aux élections ! Moi, je ne céderai pas un pouce de terrain tant que j’aurai une majorité d’Italiens derrière moi« , a-t-elle dénoncé, répondant ainsi à l’opposition qui l’avait appelé à s’expliquer devant le Parlement.

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