Emmanuel Macron convie vendredi 17 novembre les chefs de parti pour une nouvelle rencontre à Saint-Denis, avec à l’ordre du jour, notamment, la question de l’extension du champ du référendum.
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À l’occasion de la rencontre avec les chefs de partis organisée à Saint-Denis par Emmanuel Macron vendredi 17 novembre, la question de l’extension du champ du référendum est à l’honneur. Mais avec un paradoxe, celui qui revendique cette réforme ne sera pas là : Éric Ciotti, le président de LR, a décliné l’invitation présidentielle.
Cette demande est également portée par l’extrême droite et le président du RN, Jordan Bardella, sera lui bien présent pour réclamer un référendum sur l’immigration. Même si personne ne croit à l’organisation d’une telle consultation à court terme, Emmanuel Macron veut inaugurer le chantier de cette réforme institutionnelle. Il s’agit d’amender l’article 11 de la Constitution qui définit le champ d’application du référendum pour l’ouvrir à des questions de société. Dans la lettre qu’il a adressée aux chefs de parti début novembre, le chef de l’État évoque deux exemples, l’immigration ou la fin de vie.
Il s’agit de consulter davantage les Français, un mot d’ordre qui fait toujours l’unanimité. Tous les dirigeants politiques répètent, la main sur le cœur, qu’ils veulent consulter davantage les Français. En démocratie, ce précepte ne se discute pas !
Et pourtant, si, ça se discute. Le référendum n’est pas forcément le meilleur outil démocratique. D’abord à cause des sujets choisis. Certains sont tellement passionnels qu’ils ne se prêtent pas à l’organisation pendant des mois d’un débat constructif dans tout le pays. C’est sans doute le cas de l’immigration. Un chef de l’État, garant de l’unité nationale, peut-il faire ça ? Et puis, la formulation de la question est parfois plus importante que la réponse, ainsi que le moment, les circonstances. Un référendum, c’est oui ou non, et souvent pour ou contre le pouvoir en place. Ce n’est pas un hasard si aucun de nos trois derniers présidents n’en a convoqué, depuis celui perdu par Jacques Chirac sur la constitution européenne il y a 18 ans. Enfin, l’usage du référendum pose la question de la nature même de notre démocratie.
Dans une démocratie représentative comme la nôtre, nous déléguons notre souveraineté à des élus que nous choisissons. Ces élus sont les garants de l’expression de la volonté du peuple. Lorsqu’ils en viennent à réclamer des référendums pour trancher, c’est qu’eux-mêmes ne savent plus trop ce qu’ils pensent. Ou qu’ils pensent ne plus avoir de légitimité pour décider. Bref, c’est un signe de plus, inquiétant, de l’ampleur de la crise démocratique.