Après l’évasion de 27 000 saumons d’une ferme aquacole, les autorités norvégiennes alertent sur les risques pour les saumons sauvages. Ce nouvel incident survient alors que la population de saumons sauvages est déjà en déclin.
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Le dimanche 9 février, un incident de grande ampleur a eu lieu dans le nord-ouest de la Norvège, où plusieurs dizaines de milliers de saumons d’élevage ont pris la fuite. Quelque 27 000 saumons se sont échappés d’une ferme aquacole après que la tempête a endommagé leurs enclos. Cet incident représente un quart de la production totale de la ferme, qui est gérée par MOWI, un géant mondial de l’aquaculture.
Bien que cet événement puisse paraître anecdotique à première vue, il revêt une grande importance écologique. Dès que les autorités norvégiennes ont été informées de l’évasion, elles ont immédiatement pris des mesures pour capturer les poissons en fuite. Dans un communiqué, MOWI a qualifié l’incident de « très grave et regrettable » et a promis une récompense de 43 euros pour chaque saumon récupéré. Ces poissons d’élevage peuvent poser des problèmes considérables une fois libérés dans la nature.
Les saumons d’élevage peuvent menacer l’environnement pour plusieurs raisons. Lorsqu’ils sont relâchés dans la nature et côtoient les saumons sauvages, ces poissons peuvent réduire la diversité génétique de l’espèce. En effet, le croisement entre saumons sauvages et saumons d’élevage mène à une descendance qui a un taux de survie bien plus faible. Ce phénomène est largement documenté par les scientifiques.
De plus, l’élevage industriel de saumons, avec ses centaines de poissons entassés dans des bassins, est souvent à l’origine de foyers de maladies et de parasites. Ces agents pathogènes peuvent se propager aux saumons sauvages lorsque ces derniers entrent en contact avec les poissons d’élevage. Parmi les parasites les plus préoccupants, on trouve notamment le « pou de mer », un nuisible aquatique redoutable qui s’attaque à la peau des saumons, provoque des saignements et affaiblit leur système immunitaire.
Ce problème survient à un moment où les populations locales de saumons sauvages sont déjà en grande difficulté. Bien que le saumon norvégien soit largement disponible dans les supermarchés, il faut savoir que 60% de la production mondiale de saumon provient de l’aquaculture. En revanche, les saumons sauvages disparaissent peu à peu, particulièrement dans l’Atlantique nord et en Norvège.
L’été dernier, face à une baisse alarmante des populations de saumons sauvages, les autorités locales ont décidé d’interdire la pêche dans plus de trente rivières pour préserver ces espèces. Les saumons sauvages, qui préfèrent les eaux fraîches, sont également fragilisés par les effets du réchauffement climatique. L’élévation des températures, qu’elles se produisent en mer ou en rivière, entraîne une réduction de leurs déplacements, ce qui nuit à leur reproduction et à leur survie.