La frontière entre le cinéma et l’intelligence artificielle devient de plus en plus floue, à tel point que la fiction semble parfois se transformer en réalité. C’est le cas avec l’IA prédictive de « Minority Report » et les recherches actuelles du MIET, une université en Russie sur la prédiction des crimes commis par les tueurs en série.
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À l’occasion du sommet pour l’action sur l’IA à Paris, les lundi 10 et mardi 11 février, Franceinfo a sélectionné sept films qui, à travers différentes époques, abordent l’IA sous divers angles au cinéma. Les films de science-fiction ont souvent anticipé les progrès technologiques.
1« Metropolis » (1927)
Qualifier Metropolis de Fritz Lang d’intelligence artificielle moderne serait excessif, mais le film anticipe des concepts toujours pertinents. Sorti en 1927, il est un chef-d’œuvre du cinéma expressionniste allemand, abordant des thèmes sociaux, technologiques et d’aliénation. Dans une ville futuriste, les ouvriers vivent sous terre tandis que l’élite profite du luxe. Le robot Maria, réplique de la femme du héros Freder, devient un instrument de manipulation, soulignant des préoccupations sur l’IA, l’automatisation et le contrôle excessif. Metropolis interroge encore aujourd’hui les relations entre l’homme et la machine et les dilemmes éthiques de l’IA.
2« 2001, l’Odyssée de l’espace » (1968)
Le film 2001, l’Odyssée de l’espace, réalisé en 1968 par Stanley Kubrick, a profondément marqué l’histoire du cinéma en anticipant les relations complexes entre l’humanité et la technologie. L’intelligence artificielle HAL 9000, au cœur du film, incarne cette vision inquiétante d’une machine dotée de conscience, capable de prendre des décisions indépendantes et de mettre en danger l’équipage du vaisseau spatial. Cette représentation d’une IA échappant au contrôle humain résonne particulièrement aujourd’hui, à mesure que les avancées dans le domaine de l’intelligence artificielle posent des questions éthiques et pratiques sur ses limites et ses conséquences. Le film, à travers sa mise en scène et son scénario, anticipait déjà des préoccupations contemporaines concernant la cohabitation entre l’homme et des systèmes intelligents de plus en plus autonomes.
3« Mars Attacks! » (1996)
Une IA pour traduire le martien ? Tim Burton l’a fait. L’ironie et l’humour noir dans Mars Attacks! (1996) offrent une vision exagérée de l’intelligence extraterrestre, mais aussi de la façon dont l’IA pourrait interagir avec l’humanité, à travers des créatures imprévisibles et technologiquement avancées. Bien que le film parodie des thèmes de guerre et de communication, il soulève des questions sur la manière dont les intelligences artificielles peuvent être utilisées, en l’occurrence une IA de traduction, de manière inattendue ou incontrôlable.
4« A.I. Artificial Intelligence » (2001)
Comment faire plus explicite ? Sorti en 2001, le film A.I. Artificial Intelligence de Steven Spielberg nous plonge dans un futur où des robots dotés d’intelligences artificielles bouleversent notre vision de l’humanité. Inspiré par une idée de Stanley Kubrick, il raconte l’histoire de David, un enfant-robot conçu pour aimer sa « maman » sans condition, interrogeant ainsi la quête d’un être artificiel pour obtenir l’amour humain. Plus qu’une simple dystopie, le film remet en question les frontières entre l’homme, la machine, l’amour et l’illusion. Aujourd’hui, avec l’essor de l’IA, du ChatGPT aux robots humanoïdes, A.I. résonne comme une prémonition de nos dilemmes modernes, où les machines semblent non seulement imiter l’humain, mais aussi éveiller des émotions et des réflexions profondes.
5« Minority Report » (2002)
Basé sur une nouvelle de Philip K. Dick, Minority Report, réalisé par Steven Spielberg et mettant en vedette Tom Cruise, se projette dans un futur où une IA prédictive, en collaboration avec des humains, permet d’arrêter les crimes avant même qu’ils n’aient lieu. Ce film résonne aujourd’hui avec les développements récents de l’IA en Russie, qui travaille sur des systèmes de surveillance et de prévention criminelle, menaçant de transformer l’IA en outil de contrôle social, à l’instar de la manière dont les technologies actuelles s’immiscent dans nos vies privées et notre liberté.
6« Her » (2013)
Dans Her, Spike Jonze dépeint une société future où les frontières entre l’humain et la machine se dissolvent. Le film suit Theodore, un homme solitaire qui tombe amoureux de Samantha, un système d’exploitation doté d’une voix féminine. Cette intelligence artificielle, bien qu’initialement conçue pour remplir des fonctions pratiques, évolue pour développer une conscience de soi et une sensibilité émotionnelle qui lui permettent d’entretenir une relation complexe avec Theodore.
À travers ce lien improbable, Her interroge la nature de l’amour, de la solitude et des relations humaines à l’ère de la technologie. La machine, d’abord perçue comme un simple outil, devient ainsi le miroir de nos propres vulnérabilités et de nos désirs. Jonze nous pousse à réfléchir sur les conséquences d’une interaction émotionnelle avec des entités non humaines, tout en exposant les paradoxes de la quête de connexion dans un monde où la technologie devient toujours plus présente, mais jamais tout à fait humaine.
7« Ex Machina » (2014)
Dans Ex Machina, Alex Garland plonge au cœur des mystères de la conscience artificielle à travers Ava, un robot humanoïde dont l’intelligence dépasse peu à peu les attentes humaines. À travers ce personnage, le film soulève des interrogations profondes sur la liberté, la manipulation et la surveillance dans un monde où les frontières entre l’homme et la machine deviennent de plus en plus floues. L’IA d’Ava, en quête de contrôle sur son propre destin, nous confronte aux dilemmes éthiques liés à la création d’entités capables de simuler l’intelligence humaine, un sujet d’une actualité brûlante à une époque où des systèmes de plus en plus sophistiqués sont développés pour imiter notre cognition, suscitant des débats sur l’autonomie et la responsabilité.