À l’occasion du 80e anniversaire de la libération de Saint-Malo, une exposition présente les clichés de Lee Miller. Un témoignage exceptionnel de plusieurs jours de combats entre les troupes alliées et allemandes.
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Le 13 août 1944, Lee Miller, alors âgée de 37 ans, arrive à Saint-Malo. Photographe accréditée de l’armée américaine depuis décembre 1942, elle découvre une ville en état de siège. Seule photoreporter sur place, ces clichés sont uniques.
Débarquée à Omaha Beach la veille, Lee Miller pensait trouver la cité corsaire libérée. « Elle arrive en plein chaos, c’est le début du siège à Saint-Malo », raconte Muriel Montserrat, commissaire de l’exposition baptisée Lee Miller, Saint-Malo assiégée, août 1944. « La violence est de plus en plus forte, les bombardements s’accélèrent ».
Ancien mannequin devenu photographe de mode avant la Seconde Guerre mondiale pour British Vogue, Lee Miller va pendant cinq jours immortaliser avec son Rolleiflex la ville en flamme, les maisons détruites et les violents combats dans les rues. Elle capte les visages et les regards des soldats, des civils apeurés.
Parmi ces habitants photographiés, un visiteur de l’exposition reconnaît sa grand-mère. La voir sur une des 54 photographies exposées est un choc. « Je vois sa tristesse, sa lassitude, son inquiétude (…) C’est quand même beaucoup d’émotion », réagit Patrick Tuloup. En découvrant ce cliché, il comprend aussi mieux pourquoi son aïeule parlait peu de cette période. « Les réponses étaient toujours floues. Elle éludait le problème et les questions. »
C’est la première fois que ce reportage de guerre est exposé à Saint-Malo. Il avait été publié, trois mois après la libération de la ville, dans le magazine Vogue, version britannique. À l’époque, certains clichés avaient été censurés, notamment le bombardement de la citadelle d’Alet au Napalm. « C’est une arme ultrasecrète et l’armée [américaine] ne tenait pas à divulguer ce genre d’information », explique Muriel Montserrat.
Après le siège de Saint-Malo, Lee Miller a photographié la libération de Paris, les combats en Alsace et les camps de concentration de Buchenwald et de Dachau. Un parcours qui dénote avec le début de sa carrière dans le mannequinat. « Ce n’est pas une femme lisse. C’est une femme très libre, indépendante, moderne et courageuse », insiste Muriel Montserrat. Ces deux années à suivre la libération de la France et à découvrir les horreurs des camps laisseront des traces. Déjà fragilisée par des abus sexuels dans son enfance, Lee Miller est après-guerre victime d’un syndrome post-traumatique. Elle sombre dans la dépression. Après la naissance de son fils en 1947, elle poursuit par intermittence sa carrière de photographe en collaborant avec Vogue. Elle décède en 1977, à l’âge de 70 ans d’un cancer, en laissant derrière elle près de 60 000 photographies.
Exposition « Lee Miller, Saint-Malo assiégée, août 1944 »
Chapelle de la Victoire, rue de la Victoire à Saint-Malo – Jusqu’au 29 septembre 2024 – Tous les jours, de 10h à 12h et de 14h à 19h – Plein tarif : 6 euros