Selon le roi Tuheitia, les baleines devraient avoir les mêmes droits que les humains. Il estime que nous ne pouvons plus fermer les yeux sur leur déclin.
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Kiingi Tuheitia Pootatau te Wherowhero VII, le roi des Maoris de Nouvelle-Zélande, est un roi au titre purement honorifique et dont la parole est rare. Et il fait parler de lui, depuis jeudi 28 mars, après avoir lancé un appel inédit pour reconnaître aux baleines le même droit qu’aux humains, celui de vivre dans un environnement sain, afin de restaurer leurs populations menacées. D’ailleurs, la Nouvelle-Zélande, que les Maoris autochtones appellent AoTearoa, c’est-à-dire le pays du long nuage blanc, est pionnière en matière de reconnaissance de droits à la nature. Rien de plus naturel d’ailleurs pour les Maoris qui, dans un paysage, ne voient jamais simplement des arbres et des cailloux, mais des divinités, des héros ou des aïeuls.
Voilà sans doute pourquoi la Nouvelle-Zélande est aujourd’hui le seul pays au monde à avoir reconnu à un fleuve et à un mont, le Mont Taranaki, une personnalité juridique, en tant qu’entités vivantes, ce qui désormais les protège des projets de développement qui pourraient leur nuire. Un mont et un fleuve que les Maoris considèrent comme leurs ancêtres. « Nos ancêtres, dont le chant s’est affaibli et dont l’habitat est menacé », a insisté jeudi le roi Tuheitia avant d’appeler à agir sans attendre pour les baleines.
La dernière fois qu’on avait vraiment parlé du roi Tuheitia, c’était en 2014. À l’époque, le prince William et la duchesse Kate en tournée en Nouvelle-Zélande avaient demandé à le rencontrer, mais il avait décliné leur proposition car ils ne lui proposaient que 90 minutes de face-à-face. Étrange rapport au temps pour les Maoris qui vont doucement le matin, pas trop vite le soir. Son refus avait alors hautement choqué l’Angleterre, et bien au-delà, puisque de nombreux tabloïds dans le monde entier avaient relayé « l’affaire ».
Espérons que son appel à accorder des droits aux baleines fasse autant de bruit que cette histoire. Car s’il ne jouit d’aucun pouvoir légal, il représente tout de même 17% de la population néo-zélandaise qui, comme lui, estime que nous ne pouvons plus fermer les yeux sur le déclin des baleines. Un déclin qui perturbe l’équilibre délicat de toute vie dans Te Moana, la mer et au-delà la vie sur terre. La Terre, « cette mère qui ne meurt jamais », selon le proverbe maori, mais qui n’est quand même pas très en forme et qu’il serait temps de cajoler.