De récentes découvertes archéologiques en République Tchèque ont mis au jour des objets façonnés par des enfants il y a plus de 30 000 ans.

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A gauche : figurines en céramique représentant des mammouths. Au centre : figure féminine. A droite : un hibou stylisé. (REBECCA FARBSTEIN / WITH PERMISSION FROM J. SVOBODA, INSTITUTE OF ARCHEOLOGY DOLNI VESTONICE, AND MARTIN OLIVA, MORAVIAN MUSEUM-ANTHROPOS INSTITUTE)

Des archéologues ont découvert en République Tchèque des objets façonnés par des enfants il y a plus de 30 000 ans. Les chercheurs ont été intrigués par la présence d’objets en céramique assez inhabituels. Comparées aux magnifiques chefs-d’œuvre en ivoire ou os de la région, ces figurines d’animaux dénotent : d’abord, elles sont très petites, très simples, hétérogènes, asymétriques, assez maladroites pour tout dire. Les techniques qui ont été employées ici sont étonnamment rudimentaires et les experts ont remarqué aussi la présence de petites fissures qui montrent un manque de maîtrise dans la cuisson de l’argile. Or, ces objets fabriqués a priori par des novices sont couverts de traces de doigts, avec des empreintes digitales caractéristiques d’enfants et ados de 6 à 15 ans. Les chercheurs sont tombés sur une sorte « d’atelier pâte à modeler » de la préhistoire !

Et ce ne sont pas les seules traces laissées par des enfants de la préhistoire. En effet, on peut sentir leur présence au détour de certaines études : comme ces petites mains d’individus entre 2 et 12 ans tracées au pochoir sur les parois de grottes espagnoles il y a près de 20 000 ans, ces longues traces de doigts de bambins sur les parois de la grotte de Rouffignac, en Dordogne, ou encore ces petites billes d’argile et ces empreintes de pas qui semblent être liées à des jeux et chahuts d’enfants, dans plusieurs grottes européennes. Une autre étude assez émouvante, parue il y a quelques jours, rapporte aussi la découverte de 15 fossiles marins très jolis, accumulés il y a plus de 40 000 ans dans un coin de la grotte de Prado Vargas, en Espagne. Les chercheurs pensent à une collection réalisée par un enfant néandertalien.

L’étude de ces jeux d’enfants lève le voile sur la manière dont se faisaient les apprentissages à l’époque de la Préhistoire, la transmission des savoirs d’une génération à l’autre, l’une des grandes forces d’Homo Sapiens. Ces témoignages peuvent aussi nous éclairer plus globalement sur la place des enfants dans ces sociétés de chasseurs-cueilleurs : peut-être avaient-ils un rôle plus actif qu’on ne le pensait dans la production artistique et artisanale. Certaines activités que l’on croyait réservées aux hommes adultes se pratiquaient peut-être en famille.

On a beaucoup parlé de l’homme préhistorique. On parle de plus en plus de la femme préhistorique, et c’est tant mieux. Il serait temps de s’intéresser aux enfants préhistoriques.

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