Les employés du groupe de presse et d’édition s’inquiètent aussi de la participation de Bayard à la reprise de l’école de journalisme ESJ Paris, aux côtés de plusieurs propriétaires de médias, dont Vincent Bolloré.
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Les salariés de Bayard sont « inquiets ». Lors d’une assemblée générale organisée mardi 26 novembre à l’appel des syndicats, les employés du groupe de presse et d’édition, qui publie notamment le quotidien La Croix, le mensuel Notre temps et plusieurs titres de presse jeunesse (Astrapi, Okapi, J’aime lire…), ont voté le principe d’une grève, a appris franceinfo mercredi de sources syndicales, confirmant des informations de plusieurs médias. Les salariés s’opposent notamment à la nomination d’Alban du Rostu comme directeur de la stratégie et du développement groupe, annoncée lundi lors d’un comité social et économique exceptionnel.
« Pourquoi prendre une personne marquée aussi fortement politiquement ? », s’interroge une source au sein du Syndicat national des journalistes (SNJ). Alban du Rostu est l’ancien bras droit du milliardaire fervent catholique et exilé fiscal libertarien Pierre-Edouard Stérin. Ce dernier, homme d’affaires conservateur, est considéré comme proche du Rassemblement national. Les syndicats s’inquiètent des conséquences de l’arrivée de cet ancien associé de Pierre-Edouard Stérin sur la ligne éditoriale du groupe. La direction du groupe a assuré qu’Alban du Rostu interviendrait uniquement « sur la stratégie » de développement, rapporte cette source. « Mais l’éditorial et la stratégie dans un groupe de presse, c’est extrêmement lié », s’alarme cette même source.
Les salariés s’interrogent aussi sur l’annonce de la participation du groupe Bayard à la reprise de l’école de journalisme ESJ Paris, aux côtés de plusieurs propriétaires de médias. Parmi les repreneurs de cet établissement, qui ne fait pas partie des 14 écoles reconnues par la profession, figure notamment l’homme d’affaires conservateur Vincent Bolloré, qui a dans son giron Canal+ et Prisma Media. « Dans tous les secteurs de l’entreprise, nous, organisations syndicales, recueillons les témoignages de collègues choqués, ainsi que les interrogations d’auteurs, d’illustrateurs, de lecteurs et de parents de nos jeunes lecteurs », écrivent les syndicats dans un communiqué commun.
« A l’heure où la presse doit lutter contre le rouleau compresseur des fausses nouvelles sur les réseaux sociaux, comment gérer une école aux côtés de partenaires qui semblent davantage suivre un agenda politique qu’une mission d’information ? », ajoutent-ils, estimant que ce choix « heurte » leur « culture d’entreprise ». Pour l’heure, la date de la grève n’a pas encore été arrêtée. Dans un premier temps, une heure de débrayage se tiendra jeudi après-midi, a appris franceinfo auprès d’une autre source syndicale. D’autres actions sont en cours de réflexion pour la journée du 5 décembre, confirment les deux sources interrogées par franceinfo.