Après notre sélection des grandes expositions parisiennes à découvrir en ce début d’année, concentrons-nous sur l’agenda culturel en région qui semble tout aussi alléchant. Voici par ordre chronologique, onze idées de visites pour les prochains mois.

1L’art contemporain au château d’Aubenas

La façade du château d'Aubenas, dans l'Ardèche, le 30 août 2024. (VALERIE GAGET / FRANCEINFO CULTURE)

L’été dernier, ce bijou de l’architecture médiévale aux tuiles vernissées, perché sur un éperon calcaire dominant la vallée de l’Ardèche, s’est transformé en Centre d’art contemporain et du patrimoine. Il a déjà accueilli en six mois plus de 30 000 visiteurs. Les deux premières expositions, très réussies, proposaient un regard sur un peintre du pays, Gérard Lattier (Mythologies ardéchoises, toujours en cours) et un parcours immersif fait d’installations et d’œuvres d’artistes contemporains venus des quatre coins du monde. Jusqu’au 30 mars, trois nouvelles expositions sont présentées (Dans une rouge clairière, Une route sans fin, J’ai pleuré devant la fin d’un manga) en attendant la saison d’été. Les pierres blondes et les grandes pièces du château restauré sont un bel écrin.

Château d’Aubenas jusqu’au 30 mars 2025 lechateauaubenas.com

2Claude Monet aux Baux-de-Provence

Claude Monet, "La Falaise d'Aval", 1885, huile sur toile, 65x81 cm, collection Hasso Plattner, Postdam, musée Barberini. (AKG-IMAGES)

Le site exceptionnel des Carrières de Lumières, au pied du château des Baux-de-Provence, consacre sa nouvelle rétrospective numérique au maître de l’impressionnisme. Conçue par Nicolas Charlin, elle est sous-titrée, Impression, soleil levant, en référence au célèbre tableau de Monet qui donna son nom au mouvement. Le directeur artistique s’est intéressé à la longévité de l’artiste, mort à 86 ans. Il vécut à cheval entre le XIXe et le XXe siècle à une période de grands bouleversements technologiques et sociaux. Le peintre a su capter les transformations de son époque et les intégrer dans ses toiles, créant des œuvres à la fois sensibles et d’une grande modernité. La force des expositions immersives dans ces anciennes carrières de bauxite est de permettre au public de contempler les projections, en très haute définition et en musique, de ces chefs-d’œuvre dispersés dans le monde entier qu’aucun musée ne pourrait réunir. La seconde partie de l’exposition est consacrée au Douanier Rousseau.

Du 31 janvier 2025 au 4 janvier 2026 www.carrieres-lumieres.com

3Hervé Di Rosa à Marseille

Hervé Di Rosa, sans titre, 2024, acrylique sur toile, 220x350 cm. (ADAGP PARIS 2024 / VINCENT DI ROSA)

L’artiste sétois Hervé Di Rosa, concepteur de l’art modeste, a pensé qu’il y avait comme un air de famille entre ses œuvres colorées et les objets d’art populaires du Mucem. Il a donc choisi certaines pièces dans les collections du musée marseillais qui touchent sa sensibilité, pour créer autour de chacune d’elles une pièce complémentaire. Une armoire bretonne, un fusil de chasse, des jougs de bœuf, un orgue forain, pour ne citer que quelques exemples. Pour présenter ce travail d’enchâssement des collections du Mucem par ses œuvres réalisées sur mesure (principalement des céramiques et des sculptures en bois), Jean Seisser, directeur artistique et vieux complice d’Hervé Di Rosa, a imaginé l’exposition comme un archipel constitué d’une quinzaine d’îlots. Chacune de ces îles rapproche quelques-uns des objets du musée d’une création d’Hervé Di Rosa.

Du 12 mars au 1er septembre 2025 www.mucem

4« S’habiller en artiste » au Louvre-Lens

George Achille-Fould, "Rosa Bonheur dans son atelier", 1893, musée des Beaux-arts de Bordeaux. (MAIRIE DE BORDEAUX / F. DEVAL)

L’habit fait-il l’artiste ? Les toques et les turbans de Rembrandt, les robes de Sonia Delaunay, les foulards de Vigée-Lebrun, la robe de chambre de Balzac par Rodin, la perruque d’Andy Wahrol… Avec le soutien du musée d’Orsay, cette exposition sous-titrée L’Artiste et le Vêtement se propose d’analyser les tenues choisies par les artistes lorsqu’ils font leur autoportrait ou lorsqu’ils sont représentés par d’autres artistes. Près de 200 œuvres (peintures, sculptures, dessins) allant de la Renaissance à nos jours seront réunies ainsi que des photographies, des vêtements et des accessoires. Quand le vêtement fait corps avec l’artiste, que dit-il de son intimité, de sa personnalité, de ses états d’âme ? L’exposition s’attardera aussi sur les collaborations et les hybridations de plus en plus étroites entre les artistes, les couturiers et les designers.

Du 26 mars au 21 juillet 2025 à www.louvrelens.fr

5Les bijoux de la Renaissance à Toulouse

Pendant en forme de Cupidon, Pays-Bas ou Allemagne, vers 1590-1620, or émaillé, rubis, diamants, perles, 8,6x4 cm, Écouen, Musée national de la Renaissance – château d’Écouen. (GRAND PALAIS RMN / MATHIEU RABEAU)

Dans le centre historique de la ville rose, la fondation créée en 1994 par Georges Bemberg, un collectionneur passionné d’art, est installée dans l’hôtel d’Assézat, un hôtel particulier du XVIe siècle, classé monument historique. Superbe écrin pour une exposition consacrée aux bijoux de la Renaissance, quarante ans après celle que leur avait consacré le Victoria & Albert Museum de Londres. Le but est justement de faire état des avancées de la recherche depuis 1980 et de présenter au public un champ moins connu de l’histoire des arts décoratifs de la Renaissance. Matériaux, techniques, sources d’inspiration, évolution des formes, usage politique dans les cours européennes, valeur sociale… Le parcours permettra de faire dialoguer bijoux princiers et bijoux du quotidien avec des portraits, des modèles dessinés ou gravés et des documents d’archive.

Du 4 avril au 27 juillet 2025 www.fondation-bemberg.fr

6« Amazonies » au musée des Confluences de Lyon

Vue aérienne de la région de Breves, en Amazonie brésilienne, le 8 décembre 2024. (PABLO PORCIUNCULA / AFP)

Dans le cadre de la saison croisée France-Brésil 2025, ce grand musée situé au confluent de la Saône et du Rhône, qui fête ses 10 ans, nous invite à voyager sous la canopée de la dense forêt amazonienne, souvent perçue comme impénétrable et inhospitalière. L’exposition Amazonies est le résultat de plusieurs missions de terrain visant à rendre compte de la diversité de ceux qui habitent la zone. Elle donne la parole à trois populations d’Amazonie brésilienne : les Kayapo Mêbengôkre, les Ashaninka, les Wayana et Apalaï qui raconteront leur perception du monde et leurs luttes pour défendre leurs droits et leurs territoires. Par la diversité des objets et des témoignages présentés, le musée des Confluences révèle une Amazonie plurielle, bien plus ancrée dans le monde moderne qu’on ne l’imagine. Tout au long du parcours, le visiteur pourra découvrir la vie quotidienne et la relation au monde extérieur des habitants de la Forêt d’émeraude.

Du 18 avril au 8 février 2026 www.museedesconfluences.fr

7Les fêtes et célébrations flamandes à Lille

Alexander van Bredael, "Fête traditionnelle à Anvers avec le géant Druon Antigon", 1697. (PALAIS DES BEAUX-ARTS DE LILLE)

Bals princiers, mariages ou kermesses populaires, le Palais des beaux-arts de Lille sera à la fête au printemps avec une exposition consacrée au divertissement collectif dans l’espace public, la première à répertorier et à traiter tous les types de fêtes en Flandre au XVIe et XVIIe siècles. Une centaine d’œuvres seront réunies (peintures, dessins, objets) notamment des toiles de grands maîtres de la peinture flamande comme Brueghel, Rubens ou encore Jacob Jordaens. Rituel social, exutoire dans les périodes d’épidémie ou de guerre, la fête porte des valeurs propres à cette région qui résonnent encore aujourd’hui.

Du 26 avril au 31 août 2025 www.pba.lille.fr

8Les sorcières à Pont-Aven

Eugène Samuel Grasset, "Trois femmes et trois loups", Paris, musée des Arts décoratifs. (RMN-GRAND PALAIS / AGENCE BULLOZ)

Longtemps les sorcières ont incarné le vice, le mal, la vieillesse et la mort. La parution en 1862 du livre La Sorcière de l’historien Jules Michelet marque une rupture. En dévoilant les multiples visages de ces femmes, il réenchante la figure de la sorcière qui devient un emblème de révolte, de connexion à la nature et le symbole de la lutte des opprimés contre l’arbitraire. Elle personnifie la femme forte qui menace l’ordre établi et deviendra un modèle et un symbole pour les féministes au cours du siècle suivant. Le parcours de l’exposition Sorcières (1862-1914), réalisée en partenariat avec le musée parisien d’Orsay, fait dialoguer les arts : peinture, sculpture, photographie, cinéma, musique, danse et littérature.

Du 7 juin au 16 novembre 2025 www.museepontaven.fr

9Les copistes à Metz

Chevalet ayant appartenu au peintre Eugène Delacroix. (JEAN-GILLES BERIZZI / RMN-GP)

La copie est au cœur de la création artistique classique : les peintres copiaient autrefois les toiles des grands maîtres pour apprendre d’eux. On pense notamment à Delacroix, Matisse ou encore Picasso. En collaboration avec le Louvre, dernier musée à être encore titulaire d’un bureau des copistes, le Centre Pompidou-Metz consacre cette exposition inédite à la création de copistes. Les deux commissaires ont invité plusieurs artistes à relever un défi formulé ainsi : « À partir de l’œuvre de votre choix conservée parmi les collections du musée du Louvre, imaginez sa copie. » Des peintres, des dessinateurs, des sculpteurs, des vidéastes, des designers et des écrivains se sont prêtés à l’exercice.

Du 14 juin 2025 au 12 janvier 2026 www.centrepompidou-metz.fr

10Cézanne à Aix-en-Provence

Atelier des Lauves de Paul Cézanne, à Aix-en-Provence. (THOMAS LUPPO / HANDSOME STUDIO)

Paul Cézanne est de retour chez lui. De sa maison familiale du Jas de Bouffan à la montagne Sainte-Victoire, le peintre a passé une grande partie de sa vie à croquer les paysages et les habitants de sa ville natale. Près de cent vingt ans après sa disparition en 1906, la cité provençale lui consacre un « grand événement » baptisé « Cézanne 2025″. Au cœur de la ville, tout près du collège qu’il fréquenta avec son ami Émile Zola, le musée Granet avec l’exposition Cézanne au Jas de Bouffan reviendra sur quelque quarante ans passés dans cette bastide achetée par son père où il peignit certains de ses plus grands tableaux : les célèbres Joueurs de cartes, des natures mortes, des baigneuses, des portraits et des autoportraits. Les plus grands musées du monde ont prêté une centaine d’œuvres représentant cette propriété vendue à regret en 1899. On pourra aussi découvrir des peintures de jeunesse méconnues de l’ombrageux Cézanne. Cette exposition complétera la restauration progressive, entre 2025 et 2026, pour un montant de 4,7 millions d’euros, de la fameuse bastide rachetée par la ville en 2018. Elle sera partiellement ouverte au public l’été prochain. L’atelier des Lauves où Cézanne travailla jusqu’à sa mort a également été restauré. Les lieux et les objets sont restés dans l’état où il les a laissés donnant l’impression émouvante qu’il occupe encore cette petite maison. Une expérience immersive sur un terrain attenant acquis par le Ville sera dévoilée l’été prochain.

Du 28 juin au 12 octobre 2025 cezanne2025.com

11Les chefs-d’œuvre d’Hokusai à Nantes

"La Grande vague de Kanagawa" de Katsushika Hokusai. (CHATEAU DES DUCS DE BRETAGNE / MUSEE D'HISTOIRE DE NANTES)

Vagues, dragons, phénix… le château des ducs de Bretagne, qui abrite le musée d’histoire de Nantes, accueille 150 œuvres du maître japonais de l’estampe : Katsushika Hokusai. Après les samouraïs en 2014 et Toshihiro Hamano en 2021, cette exposition a été construite avec le musée Hokusai-kan, situé à Obuse, près de Nagano, dans les Alpes japonaises. Hokusai fit quatre séjours dans cette ville à la fin de sa vie, entre 1844 et 1846. Elle lui inspira des peintures et des décors importants. L’exposition mettra en exergue plusieurs thèmes chers au maître japonais notamment sa relation à la nature, au végétal et à l’eau et sa confrontation au paysage en particulier le mont Fuji. La majeure partie des œuvres prêtées, dont une quarantaine de peintures, n’ont jamais quitté le Japon.

Du 28 juin au 7 septembre 2025 www.chateaunantes.fr

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