Cette mesure héritée de Paris 2024 entrera en vigueur le 3 mars sur le périphérique parisien et une partie des autoroutes A1 et A13.

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On les a connues l’été dernier pendant Paris 2024, les fameuses « voies olympiques » qui étaient réservées aux athlètes et délégations officielles durant les Jeux, s’installent durablement sur le périphérique parisien. À compter du 3 mars, des « voies réservées » seront activées sur la ceinture de Paris et expérimentées pendant un an.
1 Où seront-t-elles activées ?
A terme, la voie réservée sera présente sur la boucle entière du périphérique et dans les deux sens de circulation. Mais dans un premier temps, elle ne sera visible que de Porte de Sèvres à la Porte de Bercy, en passant par le nord. La partie au sud entre Porte de Sèvres et Porte de Bercy sera activée « dans une phase ultérieure », indique la mairie de Paris.
Deux portions d’autoroute auront aussi une voie réservée, sur l’A1 et l’A13, aux abords de Paris. « C’est la voie de gauche qui a été choisie, afin de limiter les perturbations avec les bretelles et les échangeurs », précise la Ville, autrement dit, c’est la voie la plus proche du terre-plein central qui sera réservée seulement à certains véhicules.
Cette voie réservée ne sera pas activée toute la journée, mais seulement en semaine, du lundi au vendredi, le matin de 7h à 10h20 et le soir de 16h à 20h pour ce qui est du périphérique. Les automobilistes seront prévenus par des panneaux lumineux. « L’allumage du ‘losange blanc’ signale que la voie est réservée aux mobilités collectives. Lorsqu’il est éteint, tous les usagers peuvent à nouveau emprunter la voie de gauche », indique la ville.
2 Qui pourra y circuler ?
La voie sera réservée notamment aux véhicules en covoiturage, c’est-à-dire, avec au moins deux personnes à bord. Elle sera aussi faite pour les transports collectifs, bus, autocars, transports scolaires, ainsi que les taxis. Les VTC pourront également l’emprunter à condition d’être « en charge », c’est-à-dire, de transporter déjà un passager. Les véhicules de secours sont aussi autorisés, y compris les ambulances privées et les personnes détentrices de la carte mobilité inclusion stationnement. Les deux-roues bénéficient d’une tolérance et pourront chevaucher cette voie mais, « en circulation interfile uniquement », indique la mairie. En revanche, les poids lourds auront interdiction d’y circuler.
La mairie précise que ces restrictions de circulation pourront toutefois être levées à la demande du Préfet, « en cas de situation exceptionnelle. »
3 Comment seront-elles contrôlées ?
« Une première phase pédagogique de contrôle sera mise en place dès le 3 mars », indique la ville, autrement dit, les amendes ne tomberont pas tout de suite. Des panneaux vous indiqueront en revanche que vous ne circulez pas sur la bonne voie.
Les premières contraventions seront dressées à partir du 1er mai et s’élèveront à 135 euros. « Des totems surmontés de caméras permettront d’identifier les catégories de véhicules (taxis ou autobus par exemple), de compter les passagers, à l’avant comme à l’arrière, et de lire les plaques minéralogiques avant et arrière », peut-on lire. Cette vidéoverbalisation, assistée par ordinateur, est « assurée » par des agents assermentés.
4 Quel est l’objectif ?
La maire de Paris entend ainsi lutter contre la pollution et le bruit auxquels sont confrontés les 500 000 riverains du périphérique parisien. Elle rappelle que c’est « l’espace le plus pollué de la capitale. Le nombre de particules ultrafines sur le boulevard périphérique est 2 à 2,5 fois supérieurs aux taux observés sur les sites urbains de la capitale« , peut-on lire, alors que plus de 80% des véhicules qui y circulent ne transportent que le conducteur.
David Belliard, adjoint en charge de la transformation de l’espace public, des transports et des mobilités, juge cette mesure « profondément sociale ». On améliore la qualité de l’air« notamment pour les personnes qui habitent à côté du périphérique, ce sont les plus pauvres (…) ce sont les familles monoparentales, des femmes seules. Ce sont ces personnes qui respirent aujourd’hui un air vicié », a-t-il estimé sur franceinfo.
De son côté, l’association 40 millions d’automobilistes « exige une clause de revoyure dès le mois de juin 2025« , afin d’évaluer « si cette mesure s’avère efficace pour réduire les émissions de CO2 et les embouteillages« . Dans un communiqué, l’association s’inquiète d' »une mesure expérimentale mise en place pour 5 ans« , qui « ressemble davantage à une mesure définitive qu’à une véritable expérimentation » : « Il est inacceptable de brimer plus d’un million d’automobilistes inutilement », peut-on lire.
« Il y a eu la ZTL, l’abaissement de la vitesse à 50 km/h sur le périph’, et maintenant les voies dédiées… ça ne s’arrête jamais !« , dénonce Philippe Nozière, président de 40 millions d’automobilistes, qui en appelle aux ministres de l’Intérieur et des Transports afin de « se saisir du dossier pour que la compétence de la gestion du boulevard périphérique soit transférée à la Région ou à l’Etat« .