Le bousier a disparu dans les années 1960 de la réserve naturelle de l’étang de Cousseau, en Gironde. Après une première vague en 2023, de nouveaux scarabées ont été relâchés début mai.

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Des scarabées sont réintroduits au sein de la réserve naturelle de l’étang de Cousseau en Gironde, début mai 2024. (NEIL ALDRIDGE / REWILDING EUROPE)

C’est une expérience unique en France. Devant les objectifs d’une dizaine d’appareils photos, Cyril Forchelet, responsable scientifique de la réserve, s’apprête à libérer les scarabées bousiers, enfermés dans une boîte en bois : « À la manière des boîtes qu’on utilise pour les grands fauves quand on les réintroduit. Évidemment, les nôtres sont beaucoup moins féroces. » Ils sont même un peu paresseux à l’ouverture de la cage miniature. « Ils n’ont pas trop de motivation, constate Cyril Forchelet. Je pense que la météo fait qu’ils ont un peu de mal à sortir. On va les mettre directement sur les bouses et les disperser directement sur la clairière. »

Quatre-vingts de ces Scarabaeus laticollis  leur nom scientifique  sont ainsi relâchés, 60 ans après la disparition de l’espèce à cause des vermifuges administrés au bétail. « La bouse devient stérile en fait, et le bousier s’y retrouve pas car il ne peut pas pondre dans la bouse. Donc forcément, ce n’est pas un environnement qui lui convient », explique le responsable scientifique de la réserve.

Des scarabées sont réintroduits au sein de la réserve naturelle de l’étang de Cousseau en Gironde, début mai 2024. (NEIL ALDRIDGE / REWILDING EUROPE)

Désormais les vaches de la réserve ne sont plus traitées : les scarabées devraient pouvoir jouer leur rôle en recyclant les bouses, et s’épanouir.  Mais pour en être certain, il faudra du temps. « C’est la première réintroduction d’insectes en France, indique Cyril Forchelet. On essuie un petit peu les plâtres. On n’aura des premiers résultats probablement que dans quelques années, pour dire si ça a fonctionné ou pas. »

Seule indication pour l’instant : sur la soixantaine de bousiers déjà relâchés en 2023, certains sont encore là, repérés grâce aux petites marques inscrites sur leur carapace. Les résultats seront dans tous les cas suivis de près par les entomologistes, dont Julien Touroult du Muséum national d’histoire naturelle, très intéressé par cette tentative rarissime. « J’ai trouvé une publication scientifique qui liste 74 expériences dans le monde. C’étaient considéré positif dans 52% des cas », explique-t-il.

Mais le scientifique prévient, ces réintroductions ne suffiront pas à enrayer l’effondrement des populations d’insectes : « En France, on a 40 000 espèces d’insectes. Admettons qu’il y en ait 10 % qui sont menacées de disparition. On ne va jamais avoir les moyens de traiter toutes les espèces menacées une par une par des réintroductions. Donc ce n’est pas du tout la solution. »  Mais seulement un complément à des actions déjà connues : réduire les pesticides, la pollution et l’artificialisation des sols.

Des bousiers réintroduits en Gironde : reportage de Guillaume Farriol

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