Joann Sfar livre le second volet de son autobiographie en bande dessinée. Où il est question de sa mère disparue alors qu’il était enfant, de vide et de trop plein, et du dessin, comme d’une religion.

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Sfar, d'hier à aujourd'hui (JOANN SFAR, DARGAUD)

150 albums en 30 ans, ça fait un compte rond – 5 albums par an en moyenne – et ça donne le vertige. Sans compter quelques films, des romans, des toiles… C‘est incontestable : Joann Sfar est un boulimique du dessin, un graphomane impénitent, un créateur forcené.

Même quand il s’agit de ses fictions. Et évidemment, quand il pratique l’autobiographie. L’an dernier, sous le titre La Synagogue, il se souvenait de son adolescence à Nice et convoquait la figure de son père avocat. Cette année, il signe Les Idolâtres. En couverture, un beau portrait de mère portant un bébé dans ses bras. Le bébé, c’est lui ; la mère, celle qu’il n’a pas beaucoup connue, car elle est morte alors qu’il était enfant. Et encore, il ne l’a appris que très tard. Officiellement, elle était « en voyage ».

S’il dessine autant depuis toujours, est-ce pour combler un vide ou faire face à un manque ? Joann Sfar pose la question dans ces pages et le dialogue qu’il met en scène avec une psy.  

« La synagogue parlait de virilité, de masculinité, de devoir envers les ancêtres. Les Idolâtres, c’est l’inverse, ça parle de transgression, et ma petite transgression, ça a été le dessin. Avec cette question : pourquoi des gens peuvent-ils passer dix heures par jour à dessiner pendant toute leur existence ? »

Joann Sfar

à franceinfo

Il ne vous étonnera pas d’apprendre que Sfar a fait des études philosophie. La sensation qui se dégage de cette lecture est celle d’une frénésie, d’une urgence à tout poser sur la feuille, avant de disparaître à son tour.

Sfar passe du coq à l’âne, de ses années de vaches maigres, aux Beaux-arts, à Paris, à son statut d’auteur reconnu, barbe fleurie, crâne rasé et ventre replet. Pour revenir au Chat du rabbin, forcément. Et d’affirmer que sa religion, désormais, c’est le dessin, le dessin vivant. Qui l’a sauvé de la morbidité, qui le rend heureux. Ce qu’il aime le plus au monde.

Les Idolâtres, aux éditions Dargaud

Et pour aller encore plus loin, il y a toujours l’exposition Sfar à Paris …

Joann Sfar, la Vie dessinée, au Musée d’art et d’histoire du judaïsme. Jusqu’au 12 mai.

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