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VIDEO. "Il en va véritablement de l’avenir des démocraties" : l'intelligence artificielle face au défi de la désinformation par l'image
VIDEO. « Il en va véritablement de l’avenir des démocraties » : l’intelligence artificielle face au défi de la désinformation par l’image VIDEO. « Il en va véritablement de l’avenir des démocraties » : l’intelligence artificielle face au défi de la désinformation par l’image (13H15 LE DIMANCHE / FRANCE 2)

Depuis l’évolution de ChatGPT, l’intelligence artificielle s’invite dans notre quotidien pour le meilleur mais aussi pour le pire. Dans le domaine de la culture, les professionnels s’interrogent sur la prolifération d’images générées par l’IA et leurs conséquences.

Il y a quinze ans, les chercheurs avaient abandonné la piste de l’intelligence artificielle, dont l’origine remontait pourtant aux années 1950. Mais l’explosion des données et la puissance de calcul des ordinateurs ont tout changé. Grâce aux supercalculateurs comme le MareNostrum 5, fleuron européen basé à Barcelone capable d’accomplir 314 millions de milliards de calculs par seconde, la majorité des savoirs est désormais contenue dans la mémoire de ces grosses bêtes blindées de puces.

Un tel volume de connaissances peut à la fois inquiéter et susciter beaucoup d’espoirs. Eric de Chassey, directeur général l’Institut national de l’histoire de l’art, rêve de nourrir une IA qui ne s’arrêterait pas à la surface des images, car « elle peut être utilisée pour nous manipuler, nous conditionner, ou pour l’inverse. On voit bien que ce sont les deux grandes tendances de l’utilisation de l’intelligence artificielle : soit mentir et simplifier, soit complexifier et donner à penser. Evidemment, nous, chercheurs et bibliothécaires, ce que l’on cherche à faire, c’est complexifier et donner à penser. Mais tout ça ne se fait que si on l’a nourrie au départ, c’est-à-dire que si on lui a appris à mentir, ou si on lui a appris à trop simplifier ce qui est toujours l’intérêt des dictatures et du commerce , elle ne va pas le faire de façon intelligente, elle va le faire de façon bête ».

Face aux dangers de la falsification de photographies et de la désinformation par l’IA, Eric de Chassey refuse pourtant toute forme de méfiance. Pour lui, la clé réside dans l’éducation au décryptage des médias numériques : « Tout le monde a l’impression qu’en face d’une image, il ou elle sait la comprendre, mais en fait, ce n’est pas vrai, c’est un apprentissage. Sur cela, il en va véritablement de l’avenir des démocraties. Si on n’apprend pas à chaque citoyen et à chaque citoyenne à travailler avec les images, à les voir comme des choses qui doivent être analysées, on fabrique des gens qui sont prisonniers des images. »

En 2023, l’artiste multimédia Boris Eldagsen a refusé un prix pour son cliché The Electrician au Sony World Photography Awards parce que sa photo à l’esthétique rétro est en réalité une œuvre générée par IA. Sa démarche visait à provoquer un débat sur la place à donner à ces images : « Nous ne sommes et ne serons pas capables de savoir si une image que nous voyons sur l’écran a été générée par l’IA, et toute notre information vient des écrans aujourd’hui. Ce problème est énorme, alerte-t-il. La photographie a toujours fait l’objet de manipulations. On se souvient des images de la révolution russe avec Staline, où Trotski a été effacé. C’était déjà possible, mais il fallait des moyens et un savoir-faire. Aujourd’hui, c’est à la portée de n’importe qui ! Une image générée n’a aucune authenticité, c’est une hallucination, c’est la moyenne statistique des données d’entraînement, combinée à votre demande. »

Extrait de la série « L’homme à la machine », diffusé dans « 13h15 le dimanche(Nouvelle fenêtre) » le 9 février 2025.

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