Six hommes, dont le frère de l’international français, sont jugés pour leur implication présumée dans l’affaire qui date de 2022.

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Boubacar, l'un des six prévenus dans l'affaire Paul Pogba, arrive au tribunal de Paris, au premier jour de son procès, le 26 novembre 2024. (ANNE-CHRISTINE POUJOULAT / AFP)

Le procès des agresseurs de Paul Pogba, poursuivis pour séquestration et extorsion de fonds du footballeur, se poursuit. Au quatrième jour d’audience, vendredi 29 novembre, la défense a mené une contre-offensive, en tentant de donner une autre image que celle collée aux prévenus depuis le début du procès mardi, c’est-à-dire des amis uniquement interressés par l’argent de l’ancien international de l’équipe de France de football.

L’après-midi a été marquée par des larmes tellement inattendues qu’elles prennent de court toute la salle d’audience. Quelques minutes avant pourtant. Boubacar, 35 ans, veste noire en velours, s’agace des questions de la présidente, répond à la limite de l’agressivité. Mais quand son avocat l’interroge à son tour, le ton change, la voix baisse, il raconte ce qui lui vaut son surnom « Le majordome ».

En 2012, alors que Paul Pogba signe son premier gros contrat à la Juventus Turin, Boubacar décide de le suivre. « Il ne gagnait pas encore des millions d’euros, mais j’ai laissé mes parents et ma compagne enceinte pour partir avec lui en Italie », raconte Boubacar. « On peut dire en quelque sorte que vous vous êtes sacrifié pour Paul Pogba », résume son avocat. C’est à ce moment-là que surgissent les premières larmes. Avec le silence dans la salle, les sanglots résonnent. Son avocat le prend par l’épaule : « Arrêtez ! Vous allez me faire pleurer aussi. » Le conseil de Paul Pogba sourit, entre ironie et agacement.

Boubacar poursuit : « En 2016, revenu en France, je deviens l’homme à tout faire de la mère de Paul Pogba. Je la conduis partout pour 2 600 euros par mois. » « Aviez-vous un contrat ? », demande son avocat. « Non, Paul ne m’en a jamais fait. Mais je lui faisais confiance. Sa mère était comme ma propre mère. » Les sanglots reviennent, une nouvelle fois, son avocat marque une pause. Quelques minutes plus tard, quand Boubacar refusera de se dire déçu par certaines attitudes du footballeur, son avocat enfoncera le clou : « Voyez comme il est bon, Madame la Présidente. Il ne veut pas dire que Pogba a pu être méprisant. » « Oui, dans ce dossier, on est entouré de bonté », répond-elle, provoquant des rires dans la salle. 

« D’un point de vue fiscal, c’est une cata ce dossier », s’emporte même l’une des avocates de la défense qui interroge encore Le majordome. « Vous aviez donc un contrat oral ? » « Oui. » « D’accord, ça existe, mais vous étiez déclarés ? » « Non. » « Donc, quand, en 2021, Paul Pogba décide que vous allez arrêter de travailler pour sa mère, vous ne touchez pas le chômage ? » « Non. » « Et pendant cinq ans, vous n’avez pas cotisé pour la retraite ? » « Non. » « Et bien ce n’est pas légal, résume l’avocate en se tournant vers le ministère public. Et pourtant, le parquet n’a fait aucune enquête. Paul Pogba fait du travail dissimulé et ça ne pose de problème à personne. Il y a donc deux justices en France. »

Une nouvelle question, toujours au majordome, émane d’un autre avocat encore : « Savez-vous comment fonctionnent les comptes de Paul Pogba ? » « Non. » « Alors, savez-vous à quoi était destiné son compte à la Deutsche Bank ? » « Non ». « Pardon, résume l’un des avocats. On vous pose des questions que l’on devrait poser à Paul Pogba. Mais comme il n’est pas là, on ne peut pas. »

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